« Est-ce que, en campagne électorale en 2021, on pouvait prévoir une crise du logement ? »
(Assemblée du conseil municipal, 4 février 2025)
Il arrive à Alexandra Labbé de répondre par une question. La mairesse répondait (en février) à un citoyen lui ayant demandé si elle considérait que le conseil municipal avait la légitimité nécessaire pour voter un règlement autorisant le développement de 500 logements sur l’ancien golf, considérant qu’aucun des élus n’en avait parlé en période électorale.
Pourtant… Le Journal de Chambly a parlé de la crise du logement dans son édition du 26 mai 2021. Le Journal de Montréal en a parlé dix fois en 2021, avant le début de la campagne électorale. La Presse, 14 fois. Le Devoir, 10 fois. Radio-Canada, 49 fois. La mairesse d’une ville de 32 000 personnes lit-elle les journaux ? Écoute-t-elle les nouvelles ?
Mais surtout, le conseil municipal de Chambly lui-même en a parlé. À l’assemblée du 6 juillet 2021, deux mois environ avant le début de la campagne électorale, il a adopté une résolution avec l’intitulé suivant : « Appui à la CMM et la MRC de la Vallée-du-Richelieu en regard de mesures pour adresser la crise du logement. »

Qui donc pouvait, à l’époque, prévoir une crise du logement ? Alexandra Labbé, qui présidait cette assemblée.
Le citoyen qui avait posé la question en février a souligné ce problème de chronologie et posé la question suivante, à l’assemblée du 26 août 2025 :
« De toutes les réponses qu’il vous était possible de donner à ma question, qu’est-ce qui vous a amenée à donner une réponse aussi spectaculairement fausse ? »
Dans la réponse de la mairesse, on trouve notamment :
« J’ai beaucoup de mal à y répondre. Savez-vous pourquoi ? Parce que vous allez prendre la réponse que je vais vous donner, ce soir, vous allez trouver le mot qui vous déplaît ou que vous pouvez interpréter d’une façon négative pour me nuire ou nuire à notre image ici au conseil, puis vous allez venir dans quelques conseils me la ramener, puis essayer de retourner ça d’une façon ou d’une autre. »
Plus tard, dans sa réponse :
«(…) j’ai rien d’autre à vous répondre qu’à chaque fois, j’essaye de vous répondre du mieux que je peux. Puis ça vous satisfait jamais. Fait que là, rendu là, je peux plus faire plus d’efforts que ça, là. Je peux pus. »
En clair, la mairesse n’a pas à justifier une réponse d’une absurdité caricaturale, parce que, de toute façon, le citoyen ne sera jamais content de ses réponses.
Une réponse tout de même
La mairesse a tout de même offert une explication :
« (…) à l’époque, je me souviens, je vous ai répondu tout ça pour vous dire qu’à chaque campagne électorale, puis il y en a une qui s’en vient, là, on prend des engagements, on sait jamais si ça va être exactement ce qu’il va falloir pour répondre à la population, puis, pire encore, les engagements qu’on peut prendre en campagne électorale, juste pendant la campagne, on peut se rendre que, on avait mal analysé une situation, puis on va corriger le tir dans les quatre ans suivants. »
Oui, c’est vrai, en campagne électorale, on ne peut pas tout voir venir. Comme une pandémie, par exemple. Mais la mairesse a justifié le projet de développement sur le golf par la crise du logement, qu’elle connaissait déjà au moins deux mois (et sûrement plus) avant la campagne électorale.
Malgré tout, son programme électoral ne mentionne pas la crise du logement, ne parle même pas de logements, en fait. Par contre, il a un plan d’action en cinq points pour l’urgence climatique. On ne peut pas traiter de toutes les urgences dans un seul programme électoral, semble-t-il.
Auto-promotion
La mairesse n’hésite pas à se lancer des fleurs :
« J’essaye, chaque fois que vous venez au micro, j’essaye de répondre avec respect, avec patience, avec transparence, avec beaucoup de gentillesse, puis avec… ce qui me vient en tête au moment où vous me posez la question »
Ça, c’est ce qu’elle dit au citoyen qu’elle vient d’abreuver de reproches…
Ajoutons qu’une information fausse n’est jamais une preuve de transparence. Ce serait plutôt le contraire.
Et une citation incorrecte
En cherchant à trouver un autre reproche à adresser au citoyen, elle se méprend sur ce qu’il a dit :
« Puis le golf, j’en avais parlé en campagne en 2021, fait que dès le départ de votre intervention vous vous méprenez. Vous essayez toujours de ramener des choses qui selon vous font pas de sens. »
Mais le citoyen ne lui a pas reproché de ne pas avoir parlé du golf. Il a dit :
« Pour expliquer pourquoi ni vous ni aucun de vos candidats n’avait parlé de développement résidentiel sur le golf pendant la campagne électorale, vous avez dit, et là je mets des guillemets : « Est-ce que, en campagne électorale en 2021, on pouvait prévoir une crise du logement ? Est-ce qu’on pouvait prévoir la situation avec les États-Unis actuelle ? ». »
Oui, il y a une différence entre « parler de développement résidentiel sur le golf » et « parler du golf ». La mairesse a parlé à quelques reprises du golf, parfois pour dire des choses contradictoires et jamais pour parler de développement domiciliaire.
« J’aurais dû… »
La mairesse semble tout de même exprimer quelques regrets :
« Pendant les jours qui suivent, je me dis « Ah, j’aurais peut-être dû répondre ça, j’aurais dû répondre ça, ah, il y aurait peut-être ça que j’aurais pu répondre. » Il y a plein de façons que je peux répondre à chacune de vos questions, à toutes les fois que vous venez au micro. »
Il y a sûrement plein de façons de répondre à une question, mais on devrait exclure d’entrée de jeu les réponses fausses.
Peut-on croire Jean-Philippe Thibault sur parole ?
On profite du sujet pour parler de Jean-Philippe Thibault, qui a déjà affirmé ce qui suit, le 4 juin 2024, lors d’une assemblée du conseil :
« Je vais profiter du moment, vu qu’on parle du golf, pour mettre une chose au clair. Durant ma campagne électorale, j’ai toujours martelé que nous devions protéger au moins 70% tout en étant financièrement responsables de cet espace. »
Le Mouvement citoyen de Chambly (MCC) a déjà fouillé toutes ses déclarations et interventions durant sa campagne électorale et n’a trouvé nulle trace d’une telle déclaration. Par contre, le commentaire suivant a été déposé sur une publication sur la page Facebook du MCC :

Où voyez-vous le 70% « toujours martelé » par M. Thibault ? Le MCC a déjà fait le calcul, et la rue supposément nécessaire pour « résoudre la problématique de circulation du secteur » ne nécessite guère plus de 9% de la superficie du golf. Le parc pour enfant prendrait, quoi, un autre 2% ? On peut ajouter des immeubles de part et d’autre de la rue, on ne dépasse guère les 15%.
Signalons que M. Thibault, peu de temps après cette publication, a effacé tous les commentaires qu’il avait laissés.
On voit avec les diagrammes ci-dessous qu’avec à peine 11,5% de la superficie du golf (la partie ouest, le long de Périgny), on pouvait ajouter la rue et implanter près de 350 logements. Même en ajoutant un très grand parc pour enfants occupant 3,5% de l’espace disponible, on arriverait à ne développer que 15% de ce qui restait de l’ancien golf, pas mal mieux que 30%.

Ce diagramme a été publié à la page 3 du document de quatre pages intitulé « Concept d’aménagement préliminaire – Un quartier intégré au parc ».

Ce document a été publié à la page 19 du document de 52 pages intitulé « Assemblée publique de consultation – Projet d’aménagement du site de l’ancien golf .
Dans le Journal de Chambly du 13 octobre 2021 (page 13), M. Thibault était tout aussi muet au sujet du 70% :

Le texte complet de la réponse de la mairesse
Vous trouverez ci-dessous, en complément d’information (et pour éviter que l’on nous accuse de citer la mairesse hors contexte), le texte complet de la réponse de la mairesse. Et voici le lien pour la question.
« Monsieur Martel, sérieusement, cette question-là, là. J’ai beaucoup de mal à y répondre. Savez-vous pourquoi ? Parce que vous allez prendre la réponse que je vais vous donner, ce soir, vous allez trouver le mot qui vous déplaît ou que vous pouvez interpréter d’une façon négative pour me nuire ou nuire à notre image ici au conseil [Note 1], puis vous allez venir dans quelques conseils me la ramener, puis essayer de retourner ça d’une façon ou d’une autre.
« J’essaye, chaque fois que vous venez au micro, j’essaye de répondre avec respect, avec patience, avec transparence, avec beaucoup de gentillesse, puis avec… ce qui me vient en tête au moment où vous me posez la question, puis savez-vous quoi ? Pendant les jours qui suivent, je me dis « Ah, j’aurais peut-être dû répondre ça, j’aurais dû répondre ça, ah, il y aurait peut-être ça que j’aurais pu répondre. Il y a plein de façons que je peux répondre à chacune de vos questions, à toutes les fois que vous venez au micro.
« La vraie réponse, c’est que j’essaie de répondre du mieux que je peux, puis à l’époque, je me souviens, je vous ai répondu tout ça pour vous dire qu’à chaque campagne électorale, puis il y en a une qui s’en vient, là, on prend des engagements, on sait jamais si ça va être exactement ce qu’il va falloir pour répondre à la population, puis, pire encore, les engagements qu’on peut prendre en campagne électorale, juste pendant la campagne, on peut se rendre que, on avait mal analysé une situation, puis on va corriger le tir dans les quatre ans suivants. Mes exemples sont peut-être pas bons. Peut-être que vous avez plein de façons de me montrer que j’aurais dû me servir de d’autres exemples. Ou j’aurais pu mieux répondre, vous avez probablement raison. Mais honnêtement, à cette question-là, à ce moment-ci là, j’ai rien d’autre à vous répondre qu’à chaque fois, j’essaye de vous répondre du mieux que je peux. Puis ça vous satisfait jamais. Fait que là, rendu là, moi je peux plus faire plus d’efforts que ça, là. Je peux pus. Puis le golf, j’en avais parlé en campagne en 2021, fait que dès le départ de votre intervention vous vous méprenez. Vous essayez toujours de ramener des choses qui selon vous font pas de sens. Je suis pas capable d’arriver au même point de vue que vous là, je suis pas capable. Fait qu’on est obligé de s’entendre pour pas s’entendre. Posez vos questions, je vais y répondre le mieux que je peux, puis vous serez pas content des mes réponses, c’est correct comme ça. Il y a pas de problème avec ça. »
Citoyen : « C’était pas dans votre programme électoral. »
« Ben c’est bien dommage. Merci, bonne soirée. »
Note 1: Non, une critique de la mairesse n’est pas une critique du conseil municipal au complet.
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