Une personne nous a demandé, en commentaire d’une autre publication, si le parti Démocratie Chambly avait eu une ligne de parti.

On pourrait laisser Alexandra Labbé répondre. Au moment de son élection comme mairesse, en 2019, elle a dit au Journal de Chambly :

« Il n’y a pas de ligne de parti, il n’y en a jamais eu. Je n’aurais pas adhéré à un parti au sein duquel je n’aurais pas pu dire mon opinion et mener des discussions. Personne n’aurait fait le saut en politique avec Démocratie Chambly (DC) s’il fallait suivre quelqu’un aveuglément. Des élus indépendants ou notre équipe, les citoyens seront aussi bien servis. »

Était-ce vrai ? Tout à fait. Lors de la période de l’élection municipale de 2017 à 2021, il est arrivé à sept reprises que les élus de DC ne votent pas tous de la même façon sur une résolution au règlement.

Depuis l’élection de l’équipe Labbé en 2021, c’est arrivé deux fois, mais les deux fois sur le même règlement et les deux conseillers qui ont voté contre le règlement étaient les mêmes. Ils ont voté contre sans dire pourquoi, à tout le moins jusqu’à ce qu’une citoyenne le leur demande.

À la vue de ces chiffres, on pourrait presque croire que ce sont les élus de l’équipe Labbé qui suivent une ligne de parti. Est-ce le cas ? Peut-être que, lors des réunions plénières, ils procèdent à un « pré-vote » et ceux qui sont dans la minorité s’engagent à se rallier à la majorité. Est-ce possible ?  Comment savoir ? Il faudrait qu’un ou une des élu.e.s « s’échappe » lors d’une assemblée du conseil.

L’interdiction et l’annulation de l’interdiction de location à court terme des ERP à Chambly

En juin 2023, un citoyen a posé une question aux huit conseillers touchant la location à court terme des ERP (établissements de résidence principale – pensez Airbnb). Le conseil avait unanimement voté, quelques mois plus tôt, pour les interdire sur environ les deux tiers du territoire de la ville, puis venait tout juste d’unanimement voter pour les réautoriser partout.

Le citoyen leur a demandé ce qu’ils pensaient vraiment de cette pratique (Airbnb). Sept des huit conseillers ont répondu de bonne foi (Colette Dubois a affirmé préférer se présenter en Cour supérieure plutôt que de répondre). La plupart ont dit qu’ils étaient « à l’aise avec les décisions » du conseil. Deux des réponses méritent d’être examinées de près.

M. Talbot aurait été favorable à ce que la pratique (Airbnb) soit autorisée « encadrée, par contre ») dans toute la ville. Il a toutefois ajouté:

« Je me suis rallié à la position générale [de la limiter à seulement un tiers de la ville]. »

Pourquoi s’est-il rallié puisqu’il n’était pas d’accord ? Il a bien dit qu’il s’était rallié, pas qu’il avait été convaincu par les arguments des autres. En tant qu’indépendant il aurait parfaitement pu voter contre, mais ne l’a pas fait. Aurait-il suivi une « ligne de parti » non dite ?

Mme Legendre a été beaucoup plus explicite.

« J’entends bien votre inquiétude face au conseil. J’ai l’impression que vous pensez qu’on discute pas souvent des enjeux et qu’on y va facilement, mais soyez sans inquiétude, on n’est pas toujours d’accord, on est capables de se parler. On le fait évidemment hors de l’assemblée, on a des conseils, des pléniers pour ça pour le faire.

« On n’est pas toujours d’accord, mais on finit par avoir un consensus. On travaille de façon respectueuse.

« Évidemment, si on n’est pas tous d’accord, on va se rallier à la majorité. »

Voilà, Mme Legendre l’a dit à haute voix. Même quand on n’est pas d’accord, on se rallie à la majorité. C’est à peu près la définition du dictionnaire de « suivre la ligne de parti ».

Non, les pléniers ne sont pas pour les « vraies » discussions. C’est l’assemblée du conseil qui a été conçue pour ça. Le fait que la pratique soit extrêmement répandue au Québec n’y change rien.

Ce fameux consensus dont les élus de l’équipe Labbé de vantent tant n’est finalement qu’un consensus de façade. Y en a-t-il que ça étonne ?