Dans le Journal de Chambly du 27 novembre, le journaliste a interviewé le maire de Chambly sur plusieurs sujets notamment liés à la démolition de la maison Boileau et au reportage de l’émission Enquête qui mettait en lumière plusieurs aspects de la gestion de la Ville de Chambly par M. Lavoie et les élus qui le soutiennent.

En journalisme, la notion de « droit de suite » permet à un intervieweur de revenir sur des propos déjà émis par l’interviewé, notamment s’il croit déceler des incohérences. Vous trouverez ci-dessous quelques suggestions de questions qui auraient pu relever du droit de suite, dans le cadre de cette interview.

Par respect pour les droits de propriété intellectuelle du journaliste qui a conduit l’interview, nous ne reproduirons pas les questions et réponses d’origine. Vous êtes encouragés à lire les questions et réponses dans le texte d’origine. Seuls les quelques derniers mots de la réponse du maire sont indiqués, pour vous aider à vous y retrouver.

[… voir mes docteurs.]

Droit de suite :
Monsieur le maire, permettez-moi de vous poser une question purement hypothétique : si vos docteurs vous disaient qu’ils vous autorisent à assister à un seul des deux événements suivants, lequel choisiriez-vous?

  1. La prochaine réunion du conseil municipal, le 4 décembre prochain, à 20h (en 2018, vous avez présidé jusqu’à présent à cinq des onze séances du conseil municipal).
  2. Les prochains championnats du monde junior de hockey sur glace, tenus à Vancouver et Victoria (du 26 décembre au 5 janvier).

[… pour qu’on puisse donner nos positions.]

Droit de suite :
C’était calme depuis des années. Et vous n’avez pas communiqué tout ce qui vous est demandé aujourd’hui. Par exemple, aucune des études faites au sujet de la maison Boileau lors des deux dernières années n’a été rendue publique avant la démolition. Par ailleurs, les séances du conseil municipal ne peuvent être filmées, même s’il y a à peine 50 places pour les citoyens dans la salle du conseil, ce qui n’aide évidemment pas à la communication. Et une résolution qui demandait simplement que les enregistrements audio soient mis à disposition du public sur le site internet de la Ville, ce qui pourrait être mis en place avec une grande facilité et à coût pratiquement nul, a été rejetée par les élus de l’équipe du maire sans même que ceux-ci n’aient exprimé la moindre objection, se contentant de voter contre, dans le silence. Alors, pourquoi les citoyens de Chambly devraient-ils avoir confiance qu’après un éventuel retour au calme, l’administration deviendra soudain un modèle de communication?

[… pas l’air d’intéresser personne.]

Dans le rapport de novembre 2017 de la firme Nadeau Nadeau Blondin, la conclusion se termine par « Il est nécessaire de faire ces interventions pour, dans un très court intervalle de temps, préserver cette maison. » Pourquoi ces recommandations n’ont-elles pas été suivies? En novembre 2018, le directeur général de la Ville a remis un rapport d’une page et demie recommandant la démolition de la maison Boileau. Pourquoi ce rapport ne cite-t-il que trois études, dont deux de 2015 et une de 2017? Pourquoi la Ville n’a-t-elle pas mis tous les rapports sur la maison Boileau, plutôt que seulement quelques-uns? En particulier, le rapport du directeur général donne un chiffre de 890 035,43$ pour l’aménagement du bâtiment, mais le rapport de la firme Nadeau Nadeau Blondin contenant ce chiffre n’est pas disponible.

Beaucoup plus important : malgré l’urgence, il s’est écoulé 14 jours entre la décision du directeur général (8 novembre) et la démolition de la maison Boileau (22 novembre). En 14 jours, pourquoi le comité de démolition n’a-t-il pas été prévenu? Comment une décision prise le 8 novembre pouvait-elle s’appuyer sur une recommandation faite le 20 novembre par un entrepreneur, tel qu’affirmé par le directeur général et souligné dans le Journal de Montréal? Pourquoi les élus de la majorité ont été prévenus mais pas ceux de l’opposition? Le directeur général considère-t-il qu’il existe des élus de première classe et des élus de seconde classe?

[… Ils l’ont cassé puis ils l’ont reconstruit.]

Il est assez accablant de voir un maire méconnaître à ce point l’histoire du principal site historique de sa ville. Le Fort Chambly a été abandonné en 1851 et restauré au début des années 1880. Êtes-vous sûr que vous parlez bien du Fort Chambly, là?

[… c’est de l’hystérie collective quelque part.]

Plus de 2450 citoyens ont signé deux registres pour empêcher la transformation de l’ancien golf en condos. Et vous avez dit vous-même que vous allez revenir avec le même projet en faisant des consultations, dont la loi 122 vous permet ensuite de ne tenir aucun compte. Croyez-vous vraiment que les citoyens qui cauchemardent au sujet des condos sont hystériques?

[… on n’aurait pas ces problèmes-là aujourd’hui.]

M. Hudon est certainement l’historien de Chambly le plus qualifié qui existe et je suis heureux que vous reconnaissiez sa compétence. Dans cas-ci, toutefois, la démolition « inévitable » d’une maison patrimoniale ne serait-elle pas plutôt de la compétence d’architectes et d’ingénieurs spécialisés dans le domaine? Puisque vous accordez de la valeur à l’avis d’expert de M. Hudon, pourquoi l’avez-vous totalement ignoré quand il demandait à la Ville d’abandonner son projet de renommer la rue Ostiguy?

[… Que voulez-vous que je vous dise?]

Des gens ont déplacé mer et monde il y a deux ans pour empêcher la démolition de la maison Boileau, vous contactant, contactant le député Roberge et éventuellement trouvant une oreille favorable chez Mme Véronique Hivon, qui est intervenue. Ce sont ces gens-là que vous appelez des chialeux? Ceux qui posaient des questions chaque mois au conseil municipal avec une connaissance extraordinaire du dossier, et qui se faisaient toujours répondre « Le dossier suit son cours »? Ce sont eux les chialeux?

[… pas appelés pour passer à son émission.]

Radio-Canada a affirmé que vous aviez refusé de participer à l’émission car vous n’approuviez pas l’approche journalistique qu’ils avaient eue. Comment avez-vous fait pour refuser une invitation que vous affirmez ne pas avoir reçue?

[… je n’étais pas maire, il y a quinze ans.]

Croyez-vous que c’est la seule émission qui retourne dans le passé des gens pour essayer de comprendre leur cheminement et déterminer si leur comportement actuel est nouveau ou ancien?

[… On peut se questionner sur les motifs.]

Le congédiement d’une personne sur la foi d’une seule accusation non corroborée et sous un faux prétexte est une affaire relativement simple pour vous?

[… directeur des loisirs.]

Vous considérez qu’un maire peut s’arroger le droit de faire congédier des personnes qui ne relèvent pas de lui quand il s’est personnellement convaincu que c’était la bonne action? Si, durant une séance du conseil municipal, je considère que le conseil s’apprête à prendre une mauvaise décision à cause d’une affirmation d’un conseiller dont je suis absolument convaincu qu’elle est mensongère (bien que je n’en aie aucune preuve) et que je me lève au milieu de la séance en criant « Monsieur le conseiller, vous mentez! », allez-vous me remercier d’avoir protégé l’intérêt supérieur de la Ville?

[… la protection des adultes.]

Vous avez commencé par dire, sur la page Facebook de votre parti politique municipal, que vous assumiez pleinement vos mots d’église et maintenant vous vous en excusez? Qu’est-ce qui vous a fait changer d’idée? Mais beaucoup plus important : vous avez constamment fait dévier la discussion sur le langage ordurier que vous avez utilisé, alors que ce qui scandalise les gens, c’est l’utilisation de votre titre de maire pour intimider une personne sur laquelle vous n’aviez aucune autorité hiérarchique. Que répondez-vous à l’ancien ministre des Affaires municipales Rémy Trudel quand il dit que c’est « clairement un abus de pouvoir »?

[… il y a quelqu’un qui monopolise des forces négatives sur moi, c’est clair.]

Vous dites que vous n’avez pas eu une plainte devant un tribunal. Y a-t-il eu d’autres sortes de plaintes? Qu’en est-il de l’ancien DG, Jean Lacroix, dont la cause est justement devant le tribunal en ce moment? Pourquoi son cas n’entre-t-il pas dans votre comptabilisation?

[… derrière tout ça.]

Vous accusez une personne anonyme sans fournir le moindre élément de preuve qu’elle existe réellement. Six questions plus haut, vous avez rejeté les théories de complot liées à une extraordinaire coïncidence qui voit la démolition se produire le même jour que la diffusion de l’émission Enquête. En quoi votre théorie du complot est-elle plus crédible que l’autre?

[… sur la place publique de même.]

Quand c’était le temps d’envoyer des mises en demeure à des citoyens de Chambly en avril, vous n’aviez pas ce scrupule de ne pas mettre ces noms sur la place publique. Quelle est la différence entre les situations?

[…on aura de bonnes nouvelles.]

Des analystes ont remis en cause la pertinence de ce palmarès, qui ne prend en compte que le coût des services, par leur qualité. Y a-t-il vraiment beaucoup de mérite à dépenser moins pour le déneigement que la ville de Ste-Adèle, par exemple? Ou de dépenser moins pour fleurir la ville que Pointe-Claire?

[… qui est venu dix minutes en dis ans.]

Quand vous dites d’une dame qui été employée de la Ville pendant 15 ans qu’elle « n’a jamais travaillé », que voulez-vous dire exactement? Comment pouvons-nous réconcilier cette phrase avec cette autre affirmation où vous avez dit que vous accordez une « très grande importance à l’instauration d’un climat de travail positif »?

[… On a hâte qu’elle nous contacte.]

Pourquoi les employés d’une ville « de 30 000 » devraient-ils être obligés d’utiliser « un autre mécanisme »? Ne devraient-ils pas être capables d’utiliser le principal mécanisme? Les élus de votre parti, ou vous-même à titre personnel, avez envoyé au moins 28 mises en demeure demandant à des citoyens des sommes allant au moins jusqu’à 50 000$, pour quelques mots jugés diffamatoires. D’après vous, quel est l’impact psychologique sur les gens qui reçoivent ces mises en demeure ou, dans certains cas, ces poursuites? Pourquoi croirions-nous qu’un maire qui est aussi à l’aise avec le tourment ainsi infligé à ses propres citoyens « qu’une mouche avec du miel » (selon votre propre expression) ou qu’un maire qui dit à un ami : « T’es pas mon égal » n’oserait jamais infliger une atmosphère de travail toxique aux employés de la Ville?